SZABADSÁGHARC 1848–1849

BALLEYDIER : Histoire de la guerre de Hongrie en 1848–1849 (előszó)

I.

Dans notre introduction à l'Histoire des révolutions de l'empire d'Autriche (années 1848 et 1849) dont ce livre est en quelque sorte le complément, nous avons donné, en quelques pages, un aperçu rapide de la vie politique des Hongrois, race conquérante; consacrons ici quelques lignes aux races conquises.

Ces races, que nous appellerons Slaves de leur nom générique, se divisent en autant de races distinctes que I'Europe entière en compte sur sa surface. Les plus importantes sont : les Croates, les Serbes, les Slovaques, les Slavons, les Valaques, les Ruthènes, les Rusines, les Szotacks, les Slovènes, les Szeklers, les Cumanes, les Herduks, les Zazygers, etc., etc.

Ces diverses tribus, unies par des intérêts égaux et une commune origine, supportant avec impatience l'oppression de la race privilégiée, n'attendaient qu'une occasion de briser le joug et de se déclarer à l'état d'indépendance.

Les Magyars devaient la leur fournir en brisant eux-mêmes, sans raison et sans équité, les liens qui les unissaient depuis des siècles à la couronne d'Autriche. Il est à remarquer que différentes des races conquises en Europe, telles que le Goth en Espagne, le Saxon en Angleterre et le Gaulois en France, le Slave a toujours conservé le sentiment de sa nationalité et n'a jamais voulu s'incarner à la substance magyare.

Fort et génjéreux comme le sont les peuples primitifs, le Slave porte jusqu'à l'héroïsme les qualités du dévouement, jusqu'au sacrifice celles de l'abnéation. Fort, parce qu'il est croyant; généreux, parce qu'il est fort, il a une puissance de volonté qui ne recule devant aucun obstacle. Soldat et poëte, il manie également bien l'épée et la guzla. Soldat, il est magnifique à voir au milieu de la mêlée, combattant comme un héros d'Homére; poëte, il est sublime à entendre le soir d'une bataille, lorsque mêlant sa voix au bruit lointain du canon, il chante, dans le langage d'Ossian, les événements du jour, ou quelque chant héroïque légué par la tradition.

D'une taille élevée et pleine de distinction, le front haut, la physionomie expressive, offrant au même degré les caractères de la douceur et de la fermeté, le Slave est un des plus beaux types des races orientales.

Euthousiaste et brave comme le Hongrois, il a de plus le sentiment du beau, l'intuition du vrai, la corde de l'âme qui vibre au contact du sublime, en un mot, le génie du bien.

II.

Historien des révolutions de l'empire d'Autriche, nous avons déroulé sous les yeux de nos lecteurs, la chaîne des événements qui, du 13 mars au 31 octobre 1848, ont si profondément bouleversé les provinces de la monarchie des Habsbourg.

Après avoir suivi pas à pas, dans ses luttes, la révolution aux prises avec la royauté, nous avons vu la torche de la barbarie reculer, mais non s'éteindre devant l'épée victorieuse de la civilisation, portée par la vaillante main des armées d'Autriche.

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Nous sommes au 2 décembre 1848 : la bannière jaune et noire flotte au sommet de la tour de Saint-Etienne; un jeune empereur, soldat avant d'être homme, héros en même temps que soIdat, a trouvé dans une double abdication le sceptre suprême; il commence pour ses peuples délivrés une ère nouvelle, mais son trône restauré n'est point encore affermi.

Vaincus à Schewechat, les Magyars se relèvent plus nombreux et pIus menaçants : les chances du succès pour eux ne furent jamais plus favorables, car d'un bout à I'autre l'Europe est en travail de révolution.

La France, dont chaque pulsation désordonnée fait tressaillir le monde, poursuit dans les tiraillements sa deuxième expérience de république.

Allumé par ses mains, le flambeau de la révolution a mis le feu aux volcans populaires de l'Italie. Aiguisé par les doctrines de Mazzini, le poignard d'un obscur assassin a étouffé, dans le sang d'un ministre intelligent, la pensée qui s'efforçait à rendre possible le principe constitutionnel dans les Etats romains.

Rome n'est plus dans Rome elle est toute à Gaëte.

A Naples, en Sicile, en Toseane, des rives du Tesin aux bords du Tibre, les sociétés secrètes préparent leurs torches et leurs stylets. A Turin, la démagogie, dominant dans les conseils d'un prince brave, généreux, mais séduit par un ancien rêve de jeunesse, médite les désastres de Novarre. A Venise, le lion de Saint-Marc, fanatisé par d'imprudents rhéteurs, rugit au nom d'une indépendance qui bientôt doit faire un linceul du drapeau vénitien. L'Angleterre elle-même, qui si longtemps a joué avec les révolutions, filles de ses oeuvres, sur le Continent, la superbe Angleterre se réveille un matin en face d'une idée nouvelle ; le chartisme se promène en haillons sous les vieux murs de Westminster.

Partout le sentiment de l'obéissance s'éteint dans le coeur des peuples : l'impatience de la règle, la haine de l'autorité, le mépris des lois, sont les seuls instincts des masses; la révolte des esprits est à l'état d'une épidémie générale; toutes les notions du juste et de l'injuste sont confondues. Du haut de la tribune, dans l'enceinte où s'élaborent les lois, des législateurs improvisés se glorifient d'avoir conspiré toute leur vie et se font de la condamnation de la veille un triomphe du lendemain. L'émeute est partout dans les esprits aussi bien que sur la place publique. Partout la licence dépasse la liberté, partout l'émeute marche au pas derrière l'anarchie qui sert elle-même d'avantgarde à la barbarie.

D'un autre côté, sur une scène plus éloignée, la Pologne, toute saignante encore de ses blessures de 1831, se réveille sur son lit de douleur; elle prête I'oreille à ces bruits d'indépendance et présente sa main gantelée à la main que lui tend la Hongrie.

Le sort en est jeté! la Hongrie a de nouveau clamé son cri de guerre : l'Autriche y a répondu par le cri de : Vive l'empereur! La lutte est engagée!

Juge de camp, inflexible comme l'histoire, suivons-la dans ses phases diverses, jusqu'au jour où la fortune de la guerre aura consacré le triomphe du droit.

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