I. VILÁGHÁBORÚS KÖNYVEK

TARDIEU : Avec Foch (előszó)

Il n'y a que deux façons, pour ceux qui n'y étaient pas, de se représenter la guerre : les notes des témoins ; les ordres des chefs.

Ce livre aura la bonne fortune de réunir ces deux familles de documents.

D'une part, mes souvenirs sur les quatre mois de guerre (août-novembre 1914), que j'ai passés près de Foch, — souvenirs que des centaines de lecteurs m'ont demandé de réunir en volume et que j'ai complétés par un essai de portrait de mon illustre chef.

D'autre part, des documents, que les lecteurs ne peuvent pas atteindre dans les cent trois massifs recueils de l'État-Major de l'armée. Toute l'histoire de la guerre y ressuscite, en traits de feu.

Je possède, depuis vingt-cinq ans, ces textes, pour la période qu'évoque mon livre. Un jour de janvier 1915, que je me promenais avec lui, dans les allées de Chantilly, Joffre me dit :

— Dites donc, Tardieu ! Tous ces documents, qui vous passent par les mains pour vos travaux destinés à nos armées et à nos ambassades, je voudrais que vous en gardiez copie.

Et, comme je l'interrogeais du regard :

— Oh ! dit-il, je n'ai ni vanité, ni orgueil. Mais j'aimerais tout de même, quand je ne serai plus là, que les textes de cette période soient donnés, tels que je les ai reçus ou dictés.

Voilà vingt-cinq ans, — vingt-cinq ans, pendant lesquels les vainqueurs ont perdu leur victoire, — que ces textes dorment dans mes armoires. Je n'ai pas voulu publier mes souvenirs, sans les publier aussi. Les uns ne vont pas sans les autres.

Ce n'est pas, bien entendu, une publication complète : il y aurait fallu plusieurs volumes. Mais, dans les pages qui suivent, on trouvera l'essentiel de ce qui concerne mon récit.

L'essentiel, d'abord, des ordres donnés par Joffre à Foch et par eux deux, quatre ans avant le commandement unique, aux armées alliées du front occidental.

L'essentiel, ensuite, des comptes rendus adressés à Joffre par Foch, par les Anglais et par les Belges.

Ces textes établissent que mes souvenirs ne m'ont pas trompé. Ils ont aussi le mérite, mille fois plus important, de barrer la route à d'obliques campagnes tentées, ici ou là, autrefois ou récemment, contre les chefs de nos armées.

Ainsi, ce livre aura un double caractère, sur le-quel je compte pour le recommander au public.

Il sera, d'une part, le témoignage d'un homme de bonne foi, qui, ayant beaucoup vu, raconte ce qu'il a vu, tel qu'il l'a vu.

Il sera, d'autre part, pour les écrivains de demain, un arsenal historique qui leur fournira des documents d'inestimable valeur.

Quand on écrit sur le passé, il faut essayer, du mieux qu'on peut, de travailler aussi pour l'avenir.

 

A. T.
La Tête du Commandant,
1er mai 1939.

 

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